The Xerox Account Management Portal is here to help our contract customers simplify the ownership and administration of their Xerox equipment. D’ailleurs, le fait qu’un lecteur simule des états mentaux (au premier ou au deuxième degré) nous apprend en réalité peu de chose sur les effets de la lecture, sur l’expérience du lecteur et sur l’impact de la lecture au-delà du livre [5]. On peut en faire l'expérience face à une œuvre d'art. bien faible ! Nous pensons que la classe des objets que nous qualifions de « fiction » n’est pas stable. Les grands auteurs de ce mouvement littéraire Si la fiction n’était aussi un lieu d’un contre-pouvoir où faire l’épreuve des sentiments les plus contradictoires, les plus contraires à ceux qui, justement, sont attendus de la fiction, si la fiction n’était aussi une « marche en sens contraire », un « retour aux profondeurs » permettant de « défaire [37] » le corset où nous circonscrivent nos déterminations sociales, elle se confondrait avec ce que la philosophie du « care » voudrait qu’elle fût : une collection d’archétypes moraux. Sartre avait déjà relevé ce point : « Les signes verbaux, écrit-il, ne sont pas, comme dans le cas des mathématiques par exemple, des intermédiaires entre les significations pures et notre conscience : ils représentent la surface de contact entre ce monde imaginaire et nous. Car si lire, comme le rappelle Proust, c’est avant tout « prendre part » au sens de la lecture, il ne reste pas moins que cette « participation » présente quelque chose d’énigmatique tant que l’objet littéraire auquel on s’identifie n’a pas lui-même été identifié. Si j'étais seul malade, je n'en dirais rien ; mais, comme il y en a beaucoup d'autres que moi qui souffrent du même mal, j'écris pour ceux-là, sans trop savoir s'ils y feront attention ; car, dans le cas où personne n'y prendrait garde, j'aurai encore retiré ce fruit de mes paroles, de m'être mieux guéri moi-même, et, comme le renard pris au piège, j'aurai rongé mon pied captif. Et c’est effectivement parce qu’ils sont immatériels que les signes du roman génèrent des images. A contre-pied de ceux qui écrivent avec une confiance illimitée dans le pouvoir de surgissement des signes, ils inventent une esthétique radicale de l’abstraction, de la folie, de la défiguration, du non-sens, et font œuvre de leur scepticisme total : manière pour le moins respectable de se soustraire au terrorisme de la figuration. On remarque que le narrateur personnifie la nature : « la nuit était également troublée de mes songes », « je croyais l'entendre dans les gémissements du fleuve » donnent l'impression que la nature prend vie, et c'est grâce à elle que le narrateur parvient à exprimer ses sentiments. ... definition or synonym for onde t and thousands of other words. Cette position, comme on le verra, ne devrait pourtant pas être rejetée complètement. Par la communion avec l'invisible, le moi fini se transforme ; nous devenons des hommes nouveaux et notre régénération, modifiant notre conduite, a sa répercussion dans le monde matériel. Nous défendons donc l’idée que ce n’est pas en adoptant une attitude conforme aux règles qui régissent la fiction, ce jeu du « faire-semblant », ni en amenant le lecteur « à adopter […] l’attitude […] qui serait la nôtre si nous nous trouvions réellement dans la situation dont les mimèmes élaborent le semblant » (Schaeffer) qu’une œuvre de fiction devient un monde cohérent du point de vue de sa signification. D’une part, en substituant un concept à la description d’un processus, nous faisons l’économie d’une phénoménologie de l’imagination pour corréler univers de signes et mondes intérieurs. L'artiste, en écrivant, laisse parler son « moi » et la sensibilité de son âme. L'attention, de par son mécanisme, c'est la jonction entre la perception et des états anciens ; s'il y a trop de différences, la jonction ne peut pas se faire. » L’imagination, en définitive, est le nom donné à cet état de conscience spécifique où, en images, s’effectue la vivante synthèse entre le corps sensible du lecteur et l’altérité formelle des signes. Sur l’idée que la phrase est une forme qui anticipe sur l’expérience à venir du lecteur, une forme en attente d’emploi, voir M. Macé, 2012, non paginé. Le romantisme est l'expression de la sensibilité. Par le biais d'une succession de questions rhétoriques, Lorenzo montre qu'il est tiraillé par un mal qui vient de son âme, indiquant qu'il n'est plus aujourd'hui que « l'ombre » de lui-même. Aussi le débat sur la lecture gagnerait peut-être à importer, à repenser et à s’approprier la démarcation entre « monde » et « réalité [15] » qu’a introduite cette discipline. La faculté imaginative, chez Proust, est comparée à une « espèce d’écran diapré » que la conscience écartelée du lecteur « déploie » comme un vide intercalaire entre ses « aspirations profondément cachées » et sa « vision tout extérieure ». Les auteurs préromantiques utilisent la première personne du singulier, notamment dans des romans épistolaires : cela leur permet de faire s'exprimer facilement les personnages. Rodica Draghincescu . Virginia Woolf a recours à l'utilisation du monologue intérieur dans son œuvre Les Vagues, pour montrer l'évolution de six personnages différents, qu'elle laisse « parler » à tour de rôle. Sur ce point, nous donnons donc raison à Walton. » Ainsi, l'art, sous toutes ses formes, est capable de faire éprouver une multitude de sentiments divers à l'homme. Le héros romantique est un miroir de l'artiste romantique, un être torturé par ses émotions et par le monde qui l'entoure. Nature et destinée humaine sont souvent liées. « Je suis poète lorsque j'admire, lorsque je méprise, lorsque je hais, non par des sentiments personnels, non pour ma propre cause, mais pour la dignité de l'espèce humaine et la gloire du monde.Corinne s'aperçut alors que la conversation l'avait entraînée, elle en rougit un peu ; et se tournant vers lord Nelvil, elle lui dit : — Vous le voyez, je ne puis approcher d'aucun, des sujets qui me touchent sans éprouver cette sorte d'ébranlement qui est la source de la beauté idéale dans les arts, de la religion dans les âmes solitaires, de la générosité dans les héros, du désintéressement parmi les hommes. C’est assurément un des pouvoirs de la lecture, sans doute le plus spontané et le moins intellectuel, que de troubler ainsi le cours ordinaire des rapports du corps et de l’esprit, de libérer l’esprit de la pesanteur du corps, de permettre au corps de devenir un berceau pour l’esprit. Sauf indication contraire, toutes les citations de Proust proviennent des pages 82 à 87 de. C’est ainsi, écrit Proust, que « la lecture nous apprend à relever la valeur de la vie, valeur que nous n’avons pas su apprécier et dont nous nous rendons compte seulement par le livre combien elle était grande ». Elle occupe une place privilégiée en littérature dès le XVIII e siècle en Europe. « Ô lac ! Enfin, la comparaison « je sentais couler dans mon cœur comme des ruisseaux d'une lave ardente » est typiquement romantique ; elle montre des sentiments très forts, hyperboliques pour indiquer toute cette effusion de sentiments. veux-tu donc que je sois un spectre, et qu'en frappant sur ce squelette (Il frappe sa poitrine), il n'en sorte aucun son ? Ça m'a coupé le souffle. On comprendrait mal l’importance culturelle de la fiction – pourquoi, dans toutes les cultures et à toutes les époques confondues, les hommes produisent de la fiction – si on ne voyait pas qu’en se confrontant à ces « faire-semblant », le lecteur (l’auditeur, le spectateur) fait l’épreuve, dans les formes mêmes de sa sensibilité, de ce qu’un groupe social qualifie d’attitudes émotionnelles appropriées (ou inappropriées). 14Nous avons montré qu’en appréhendant les effets de la lecture dans une optique matérialiste (qui était aussi celle de Proust), nous n’avons pas seulement renvoyé dos à dos conceptions littéraires objectivantes (le sens est dans le texte) et subjectivantes (les représentations sont dans l’esprit), mais nous avons aussi dévoilé l’existence d’un milieu, à la fois « extraobjectif » et « extramental [14] », que nous tenons désormais pour le foyer véritable de la lecture. De fait, son rapport au monde évolue, il ne perçoit plus de « frontière » entre le « moi » et le monde qui l'entoure. Vous n’êtes actuellement pas connecté(e) en institution. Year: 2014. La lecture d’œuvres de fiction n’engage à prendre aucune posture morale, n’encourage aucune conduite, n’édifie pas, et, si elle agit bien d’une quelconque façon sur nos représentations et nos conceptions du monde, la fiction ne le fait ni à un niveau représentationnel ni à un niveau conceptuel, mais sur une strate purement imaginaire, c’est-à-dire sensible. Cette sensibilité permet de percevoir toute la force des sentiments, la résonance des mots et le symbolisme des Paysage, site romantique. See: Ivoi, Paul d', 1856-1915. Ces expériences lui permettent alors de mener une véritable introspection et peuvent changer la perception que l'homme a du monde. On a longtemps associé « l'humeur noire » à la mélancolie. Il s'agit d'une souffrance sociale et politique à cause de la période d'instabilité que connaît la France suite à la Révolution de 1789. "Rien de ce qui est humain ne m'est étranger" : telle est la devise qu'on peut appliquer à l'art. », Histoire des théories de la mémoire. Selon William James, l'expérience spirituelle que chacun fait peut amener en l'homme une conscience subliminale, qui serait source de connaissance et de développement intuitifs et créatifs, et qui permettrait de dépasser les limites de l'individualité. Des auteurs comme Rousseau en France et Goethe en Allemagne sont considérés comme des précurseurs du romantisme, dans le sens où ils accordent beaucoup d'importance aux sentiments et aux sensations de leurs personnages. Mieux qu’un discours, pense-t-on, les émotions qu’exprime un individu reflètent son « naturel ». − Faculté que possède l'esprit de se représenter ou de former des images. Non, mon cœur n'est pas si corrompu ! Peut-être. 8Or, Proust ne dit précisément pas, comme on se le figure couramment, que le lecteur prend part à « la joie ou à l’infortune » des personnages ou qu’il éprouve les mêmes émotions que ceux-ci. Cette croyance dans l’existence d’une correspondance entre l’extériorisation d’un sentiment et l’état intérieur qui l’a produit, d’un symbolisme qu’autrui aurait toujours la possibilité d’interpréter ou du moins de rendre signifiant, est aussi à l’origine de la méfiance envers ce reflet trop fidèle de nous-même, car si les émotions trahissent des intentions cachées, il devient préférable de les dissimuler. La nature permet de nourrir une réflexion sur le temps qui passe. Bienvenue sur la page Facebook de BFMTV ! Mais ce monde invisible n'est pas seulement idéal : il produit des effets dans le monde sensible. Je n’ai donc pas vraiment « éprouvé » de la jalousie si on entend par là que j’ai été jaloux – pourtant mon imagination m’a bel et bien permis de faire une certaine expérience de ce que c’était que d’être jaloux. Il affirme à l’inverse que le lecteur s’identifie à « l’image » que « [cette] joie ou [cette] infortune » produit en lui (« Qu’importe que les actions, les émotions de ces êtres d’un nouveau genre nous apparaissent comme vraies, puisque nous les avons faites nôtres, puisque c’est en nous qu’elles se produisent […] »). 25Ne versons toutefois pas dans l’illusion inverse, n’allons pas croire que la grammaire mondaine, en vertu du recodage qu’elle impose, serait parvenue à échapper au soupçon de cratylisme qui entachait la conception naturaliste des émotions, car les signes dont elle se sert pour exprimer ses sentiments possèdent eux aussi leur loi naturelle, laquelle est seulement en raison inverse de l’expression spontanée. 1De quoi retourne-t-il dans le fait de lire ? 9Cette dématérialisation de la réalité, ce sont évidemment les signes qui l’opèrent. Elle est vertigineuse, infinie et sublime : elle domine totalement l'homme. Cherchez courant littéraire et beaucoup d’autres mots dans le dictionnaire de synonymes français de Reverso. Le croquis dont parle Proust, c’est le canevas imaginaire que produit la lecture, le schéma qui a toujours une longueur d’avance sur nos existences, qui anticipe nos réactions émotionnelles, c’est, à l’état natif, la forme sensible qu’est appelée à prendre notre expérience. L’analogie entre l’action de la lecture sur la conscience et celle du sommeil sur l’âme ne mériterait sans doute pas tant d’attention si Proust lui-même n’avait fait le rapprochement dans les pages célèbres qu’il a consacrées à la lecture. 15De façon tout à fait remarquable, les univers de signes fictionnels partagent certaines propriétés avec les « réalités » décrites par la sociologie des faits institutionnels, au premier rang desquels l’instabilité sémantique, à savoir une forme d’indétermination profonde quant à ce que ça veut dire. Le monde fictionnel intérieur, ce serait donc, selon la fameuse formule de Wittgenstein, « tout ce qui arrive » dans l’intériorité du lecteur. Lecture qui ébranle, frappe l'imagination. « Pour écrire l'histoire de sa vie, il faut d'abord avoir vécu ; aussi n'est-ce pas la mienne que j'écris. Celle-ci ne doit pas être vue comme un objet qui réagit simplement à l'expérience mais comme l'expression d'une continuité qui met en mouvement différents éléments psychiques. Chemin faisant, nous voici donc conduits à soutenir qu’il existe des émotions fictives. Et il le fait, pour encore se reconnaître lui-même dans la forme des choses, pour jouir de lui-même comme d'une réalité extérieure. Language: french. L'expression des sentiments d'un personnage est au cœur de certains romans du XVIIIe siècle. « Les signes inverses à l’aide desquels [les mondains] exprim[ent] [leur]s sentiments par leur contraire sont d’une lecture si claire [30] » que l’initié détenant les codes de cette étrange grammaire verra entre les signes mondains et « les sentiments qu’ils expriment » des rapports aussi motivés que si ces rapports étaient naturels. Histoire littéraire des Fous (French) (as Author) Delestre-Poirson, C.-G. (Charles-Gaspard), 1790-1859. Les noms retentissants de l'espagnol, ces noms qui ne peuvent être prononcés sans que déjà l'imagination croie voir les orangers du royaume de Grenade et les palais des rois maures (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 339). La fiction renforce les réactions émotives attendues par la communauté qui a rendu possible ou bien autorisé l’accès à cette fiction. La nature occupe une place primordiale dans le romantisme. La sensibilité est l'expression du « moi », des sentiments, des sensations de l'individu. De ce rôle formateur, annonciateur de conduites émotives, nous ne saurions déduire avec Sandra Laugier que « l’apprentissage que nous offre le roman est une initiation aux modes d’expression adéquats, linguistiques ou autres, à une forme de vie : une formation sensible par l’exemplarité [25] ». Le contour de cet ensemble, comme le rappelle Laurent Menoud, dépend étroitement de l’ontologie commune à laquelle s’identifie un groupe de lecteurs : « l’ontologie partagée […] cré[e] l’espace nécessaire au discours fictionnel ». ». Sans cela, nous ne pourrions pas comprendre pourquoi les fictions agissent sur la mécanique de nos émotions. Nous avons montré que les émotions ne naissaient pas de l’identification du lecteur aux émotions des personnages (ce qui serait absurde à moins de défendre la thèse qu’un poème ou un récit de Thomas Bernhard, par exemple, ne peut pas émouvoir), mais des images formées par notre imagination conformément à l’intuition de Proust, laquelle repose tout entière sur l’idée que « dans l’appareil de nos émotions, l’image [est] le seul élément essentiel [16] ». En première approximation, on dira donc que le pouvoir de la fiction tient moins à l’exemplarité morale de ses narrations ou à l’artificieux plaisir qu’elle procure par ailleurs à l’esprit et aux sens, qu’au fait qu’elle soit seule capable de répondre à l’abyssale et insondable question de Nietzsche : « Comment dois-je ressentir [36] ? On retrouve ces procédés dans le romantisme. C’est que si nous estimons possible d’arriver à une assez bonne description du jeu de projections et de fausses croyances qu’engendre la lecture en posant que lire, ce n’est rien d’autre que simuler un lecteur qui simulerait de prendre la fiction pour un récit factuel [4]. ISBN 13: 9782200601096. 20Par ailleurs, il apparaît que la difficulté à admettre que les émotions éprouvées à la lecture relèvent de l’activité de l’imagination découle du fait que l’emploi des termes « émotion » et « éprouver » n’a pas été discuté ni élucidé. Chateaubriand, dans son œuvre René, met en avant la contemplation de la Nature qui permet au narrateur d'exprimer ses sentiments. « La solitude absolue, le spectacle de la nature, me plongèrent bientôt dans un état presque impossible à décrire. Lire un texte de fiction (même s’il n’a aucune visée mimétique), métaphoriquement parlant, c’est rendre ce lieu habitable pour notre imagination, nos élans intimes et nos émotions. ». Pour les artistes romantiques, le passé est vu comme une période d'âge d'or impossible à retrouver. A une conception bourgeoise de la sensibilité, laquelle asservit les émotions au « goût » pour mieux les assujettir, fait passer pour une « plénitude d’impressions », l’« amour de la musique » et le « goût pour la peinture [39] », voit en l’art plus une affaire d’admirations, de louanges, de prestiges et de distinctions que d’émotions pures, bref au monopole bourgeois du juste sentiment, le narrateur oppose le désir d’une émotion anticipée. « Par l’art seulement, écrit Proust dans Le Temps retrouvé, nous pouvons sortir de nous-même […], au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier [11]. Je ne me rappelais plus que c'était une racine. Entre autres choses, la lecture de Dostoïevski m’aura donc permis d’anticiper le fait social, la loi symbolique en vertu de laquelle (si je l’ignorais) j’encours le risque d’être ostracisé (toutes choses égales par ailleurs) si j’adopte les attitudes émotionnelles du narrateur des Carnets. Jamais, avant ces derniers jours, je n'avais pressenti ce que voulait dire "exister". 12Parler de « monde fictionnel intérieur », c’est évidemment faire un emploi métaphorique du concept de « monde ». Que la fiction accède à sa signification à travers la succession des épreuves de qualification qu’elle a traversées, et non simplement parce qu’elle parle du monde. It is entirely up to you which package you choose, whether it is the cheapest one or the most expensive one, our quality of … Si le naturel éloquent, trop éloquent de Saint-Loup passe encore aux yeux de la grand-mère du narrateur pour une faiblesse pleine de « charme », il en va tout autrement dans la sphère mondaine des salons où évolue sa propre parentèle. La « vive rougeur » qui trahit « la joie » de Saint-Loup à l’audition d’un compliment inespéré n’est pas seulement une émotion qui va à l’encontre des codes sociaux de son milieu, elle exprime encore le fait que la rougeur est la réaction appropriée (plutôt qu’incliner la tête, par exemple) dans une occurrence où j’éprouve de la honte (puisque je contreviens à la norme de mon milieu qui exige de ne pas éprouver de joie quand on me flatte). Dans cet extrait, le philosophe montre la puissance de la nature, capable de dévoiler le monde aux hommes. De là s’ensuivent deux conséquences. La première réponse semble aller de soi : chaque société – et à l’intérieur d’elle ses sous-groupes – produit à travers la fiction qu’elle rend accessible des normes sensibles qui, par l’adhésion ou le rejet qu’elles suscitent, découpent et organisent des communautés sensibles qui se reconnaissent entre elles aux signes qu’elles utilisent pour exprimer leurs émotions. La nature dépasse l'homme en lui révélant l'ampleur de ses forces intérieures. Je disais comme eux "la mer est verte ; ce point blanc là-haut, c'est une mouette", mais je ne sentais pas que ça existait, que la mouette était une "mouette-existante" ; à l'ordinaire, l'existence se cache. Par ailleurs, on cherche à comprendre l'origine des sentiments. L’attention se perd paradoxalement non dans le livre, mais sur la scène visible, dans ce « bout de jardin » qui s’offre au regard distrait du lecteur. « Je serais bien en peine de dire où est le tableau que je regarde. et vous, heures propices,Suspendez votre cours !Laissez-nous savourer les rapides délicesDes plus beaux de nos jours ! En France, nous avons donné le nom de la romance courant littéraire qui a débuté vers 1820 et s’est poursuivie jusqu’en 1850, pendan… La notion d’image à laquelle paraît ici se référer Proust demande maintenant à être quelque peu précisée. ». L’imagination serait donc cette faculté qui génère ou plus exactement qui donne lieu à des états de conscience d’une espèce encore indéfinie, dont on sait cependant qu’ils résultent de la disjonction entre sensation et attention. L'existentialisme considère chaque individu comme un être unique maître de ses actes, de son destin et des valeurs qu'il décide d'adopter [1]. Et puis j'ai eu cette illumination. Dans cet extrait, le narrateur utilise la métaphore du « feu » pour évoquer l'amour. Nous allons voir, en effet, qu'elle se réduit ici à une certaine qualité ou nuance dont se colore une masse plus ou moins considérable d'états psychiques, ou, si l'on aime mieux, au plus ou moins grand nombre d'états simples qui pénètrent l'émotion fondamentale. Une expérience sensible qui ébranle les rouages de notre mémoire ? On remarque dans cet extrait l'évocation des états psychiques à travers une métaphore de la teinture ou de la coloration qui représenterait l'idée selon laquelle la sensibilité de la conscience évolue petit à petit (« un obscur désir est devenu peu à peu une passion profonde »). Faisons un bref détour par l’Antiquité pour illustrer ce jeu d’actions réciproques. Dès le XVIIIe siècle, on observe dans la littérature une importance grandissante de la sensibilité. Il faut voir en effet que chaque lecteur fait en réalité une expérience double : d’un côté, il engendre sa propre sensibilité par le biais de la sélection d’images qu’au fil de ses lectures il s’approprie ou rejette, il effectue une sorte de montage affectif ; de l’autre, il fait l’expérience de ce qu’est une « bonne » ou une « mauvaise » réaction émotive. D’abord, parce que les images dont il est question ici ne se situent pas au niveau sémantique du texte dont précisément elles présupposent le déchiffrement et la compréhension comme arrière-plan dynamique : nous distinguons en effet l’imagination, qui est un état de conscience, de la compréhension, qui est une activité mentale. ». On considère que la conscience se construit dans la durée et dispose de sa propre sensibilité qui évolue en même temps que le monde. La conscience projetée dans le monde extérieur reste accrochée par cet arrière-plan sensible qui, semblable à une rémanence, n’atteint plus directement l’esprit mais flotte devant lui comme un mirage. C'est au XIXe siècle que naît véritablement le mouvement romantique. Ainsi, il privilégie l'expression du « moi », souvent à travers la représentation d'un héros tourmenté, et le thème de la nature est privilégié. Mais en définissant la simulation comme l’activité qui consiste à interpréter la fiction en tant que fiction, les cognitivistes, nous semble-t-il, se dotent d’un concept qui s’élucide lui-même ! C’est de la sorte, soit dit en passant, qu’on peut « faire la lecture » d’un tableau, d’un jeu, d’un film ou d’une pièce de théâtre (et c’est en ce sens, élargi, que nous parlerons de « lecture » par la suite). L’écriture est un moyen de transport en commun, vers l’ailleurs ! D'ailleurs, Baudelaire utilisera le mot anglais « spleen » pour évoquer la mélancolie romantique dans ses poèmes. ... Cher docteur, voici l’une des pierres les plus travaillées dans la seconde assise d’un édifice littéraire lentement et laborieusement construit ; j’y veux inscrire votre nom, autant pour remercier le savant qui me sauva jadis, que pour célébrer l’ami de tous les jours. » Aussi ne dirons-nous pas que les émotions engendrées à la lecture de Proust nous enseignent ce que c’est que la jalousie – puisque les émotions fictives ne délivrent aucun savoir proportionnel –, mais plutôt qu’elles nous apprennent ce qu’il faut éprouver pour que l’occurrence « être jaloux » soit valide. Mais peut-on mettre ces perspectives en regard ? Et, Wilhelm, si j'osais jamais… cette pureté du ciel, cette confiance ; tu me comprends. Crois-tu donc que je n'aie plus d'orgueil, parce que je n'ai plus de honte ? 29La lecture y engage le narrateur de la Recherche de deux manières. C’est un aspect crucial de notre problème. Comment, à quelle occasion l’imagination prend-elle le relais de l’intentionnalité consciente ? 19En fait, il est probable que, dans la distinction que nous opérons entre émotion figurée, émotion fictive et émotion vécue, seule l’existence des « émotions fictives » soit sujette à caution car pour prouver leur existence, il faut pouvoir soutenir simultanément trois choses : qu’elles sont engendrées par la fiction, qu’elles sont réellement – non fictionnellement – éprouvées et qu’elles se distinguent néanmoins des émotions vécues. Henri Bergson utilise l'image de la pièce de théâtre et du jeu des comédiens pour montrer que si l'on ne s'intéresse qu'à la mécanique des gestes, donc du cerveau, le sens et la signification de la pièce échappent à l'individu. Nous pensons à l’inverse qu’il existe un grand nombre de fictions non représentationnelles et qu’on devrait à ce titre se garder de tenir la fiction à visée mimétique pour modèle de la fiction en général. La nature apaise son âme. Chapitre 1 PRÉSENTATION DE LA SPÉCIALITÉ HUMANITÉS, LITTÉRATURE ET PHILOSOPHIE Fiche 1 Le programme de la spécialité Humanités, Littérature et Philosophie Fiche 2 Réussir les questions à tournure littéraire Fiche 3 Réussir les questions à tournure philosophique 9782340-031654_001-252_EP3.indd 5 21/08/2019 10:14 Ainsi rappelons brièvement que pour l’auteur du De rerum natura les corps émettent sans cesse et dans toutes les directions des images [simulacra] qui, lorsqu’elles sont interceptées au hasard de leur course par une surface sensible, provoquent alors la vision de ces corps. Il est en proie à un mal profond, tiraillé entre le bien et le mal, le vice et la vertu. Au XXe siècle, on s'intéresse de plus en plus à la conscience humaine et à la représentation que l'homme se fait du monde qui l'entoure. Grâce aux nombreux travaux psychanalytiques de Sigmund Freud (interprétation des rêves, libre association des idées), on s'intéresse à la conscience humaine, qui est la seule capable de donner un sens dans l'existence. De plus, cette idée est renforcée par le terme « ébranlement », qui signifie la mise en mouvement de son âme, dans la mesure où elle semble faire preuve d'une extrême sensibilité. « Il est certain qu'une nouvelle œuvre d'art, une œuvre vraiment nouvelle a très grand peine à se faire accepter, à se faire comprendre et la raison en est très simple, c'est qu'on ne peut pas y faire attention ; l'attention ne peut pas se fixer sur elle ; il ne faut pas demander à l'attention plus qu'elle ne peut donner. Une « réalité » a de sens uniquement, explique Boltanski dans le prolongement de Searle, parce qu’il existe des institutions reconnues de tous pour « fixer la référence » et attribuer une « sécurité sémantique » aux faits, aux valeurs, aux conduites ayant cours dans le « monde ». Delines, Michel, 1851-1914. Ni Mallarmé, ni Artaud, ni Simon, ni Beckett n’utilisent la langue à des fins de représentions. ». Songes-tu que je glisse depuis deux ans sur un mur taillé à pic, et que ce meurtre est le seul brin d'herbe où j'aie pu cramponner mes ongles ? Est-ce que j’ai raison de dire qu’au cours de ma lecture de La Prisonnière j’ai éprouvé de la jalousie ? 10Pour l’heure retenons seulement que chaque signe ne donne pas naissance à une seule et même image, comme si, quelque part dans l’esprit, existait une table d’équivalences ou une grille d’interprétation permettant de réaliser la conversion entre sens et représentation. Il nous reste à montrer à présent que les images dont nous parlons sont des états mentaux non attentionnels (à l’instar des rêves) dont nous faisons l’expérience. L’imagination, encore une fois, n’est pas cette faculté qui présenterait au regard de la conscience des contenus absents, mais un milieu organisé qui précipite la rencontre des signes et de la sensibilité du lecteur sous forme d’états de conscience fluctuants. Il ne reflète que nos têtes, il nous décapite, et ma bouche est trop grande, mes yeux sont trop rapprochés. You are currently viewing the French edition of our site. A ce niveau de la réflexion, nous pouvons déjà tirer deux conclusions provisoires : d’abord, étant donné qu’elles sont inféodées à mon imagination, l’existence de ces émotions est limitée au temps où existe en moi cet état de conscience (même si, bien entendu, je peux réactiver à des années de distance le souvenir de ce monde fictionnel intérieur et des émotions qu’en moi il a suscitées) ; ensuite, ces émotions ne sont pas de même nature que les émotions que j’éprouve au quotidien puisque ces dernières n’adviennent qu’en images. Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire, Pouvoirs et contre-pouvoirs de la fiction, http://www.fabula.org/lht/9/index.php?id=352. Il est vrai que la fiction agit comme une initiation aux formes communes de la sensibilité, mais, au niveau précompréhensif où nous l’envisageons, celle-ci ne prend pas appui sur les contenus propositionnels ou situationnels des œuvres, aussi exemplaires soient-elles. Or, il arrive assez souvent que nous expérimentions des émotions sans pour cela avoir eu besoin de croire (ou non) à la réalité de ce qui nous a porté à les éprouver, comme dans le cas du souvenir ou de la rêverie diurne, simplement parce que nos émotions fictives sont la manière spécifique dont l’imagination forge ses images, la signature de cette activité mentale.
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